Deuxième
migration des Acadiens
Pourquoi l'émigration
massive vers les États-Unis à partir du Québec?
J'ai suivi particulièrement les déplacements des Lanoue parce que -les
Lanoue- c'est le sujet de mes recherches, mais c'est évident que les
autres Acadiens et les Canadiens-français sont également concernés.
Les Acadiens ont été déportés à différents endroits. Il y eut des
membres d'une famille Lanoue celle de René qui accosta en Caroline. Les
Résidents ne voulaient pas de ces pauvres gens. Ils les employaient
comme des esclaves sans les payer. Cette famille a eu l'avantage d'être
accueillie par un bon propriétaire. Cependant ils avaient avantage à se
faire oublier, c'est dans ce contexte qu'ils ont pris le nom de Lanneau
qui sonne plus anglais donnant une couleur plus locale. Ces Lanoue sont
restés dans le sud des États-Unis.
Il y eut des Acadiens déportés en Angleterre, en
quarantaine ou plus ou moins détenus pendant plusieurs années.
Ils furent transférés en France où des tentatives d'implantation eurent
lieu. Plusieurs s'établirent à Belle-Isle-sur-mer au large du Morbihan,
au sud de la Bretagne. Plusieurs parmi eux ayant eu connaissance qu'ils
avaient de la famille en Louisiane laissèrent leur établissement et
partirent les rejoindre. Je n'ai pas dépisté de Lanoue dans ce groupe.
Il y a un groupe d'Acadiens dont au moins Pierre Lanoue qui a décidé
d'aller en Louisiane. Il a traversé le Connecticut, le Maryland. Il a
suivi alors l'Ohio un affluent du Mississipi, puis le Mississipi vers
la Louisiane. Il n'a pas pris la mer. Ces Acadiens demeureront dans le
sud des Etats-Unis. Il y a cependant une autre famille Lanoue qui
s'établit dans le sud des Etats-Unis mais cette famille venait de
France. Ce ne sont pas des Acadiens, descendant de Pierre Lanoue I.
Le plus gros groupe de Lanoue a été déporté au Connecticut et autour de
Boston et dans quelques États environnants.
Je ne répéterai pas tous les détails que j'ai déjà narré dans la "déportation
des Acadiens ".
Cependant j'attire votre attention sur le fait que les voyages se
faisaient le plus souvent par terre et non par mer. Par mer, c'est
peut-être plus romantique mais ce n'est pas nécessairement la vérité.
Si quelques déportés ont pu revenir au Québec par bateau, en général,
les Acadiens n'avaient pas les moyens de payer l'embarquement. C'est
pourquoi ils se sont déplacés par voie de terre, à travers la forêt et
en empruntant les cours d'eau avec des canots. Cependant un groupe
d'Acadiens partit sur un bateau de la Nouvelle-Angleterre vers le
Québec et trouva un établissement dans l'Assomption au nord de
Montréal. Étaient-ils parti en éclaireur? Chose certaine c'est que peu
d'années après un immense groupe se dirige
par terre vers le Québec.
Vers 1774, lors de la brouille des colonies de la Nouvelle-Angleterre
avec leur mère patrie, puis révolte qui finit par la guerre
d'indépendance, à ce moment les Acadiens avaient quitté leur lieu
d'exil. (On raconte même que deux frères partirent de Georgie et
remontèrent vers le Canada à pied. Ils prirent quelques mois).
. . . Avec les Canadiens français, les
Acadiens partageaient la même langue, la même religion, la
. . . même civilisation et avaient enduré les assauts des
mêmes ennemis. (Les Acadiens du Québec,
. . . page 92, par Pierre Maurice Hébert)
Tous
ces déplacements peuvent se résumer par un désir des Acadiens de
vouloir vivre en paix, en français et garder leur religion catholique.
Et aussi, peut-être, ils ne voulaient pas s'impliquer dans un conflit
qui ne les concernaient pas en Nouvelle-Angleterre. Alors rendus au
Québec, qu'est ce qui se produisit? Ont-ils trouvé la satisfaction de
leurs désirs? Pourquoi cinquante ans plus tard, ce commencement de
départs vers les Etats-Unis qui s'est accentué jusque vers l'année1900.
C'est ce que regardons maintenant.
Les francophones, une sous classe.
Concession de terre, privilège aux Anglais, manque de terres.
La révolte des Patriotes
L'attraction des usines américaines
Les Anglais accaparaient non seulement le gouvernement mais
contrôlaient les fonctionnaires et les postes importants, le commerce.
Les Acadiens en exil n'avaient pas eu la chance de s'instruire dans la
situation où on les tenait et à cause de leurs déplacements. Ils
devaient travailler physiquement hommes, femmes et enfants du matin au
soir. Ils étaient dans un milieu qui n'étaient pas le leur. Il n'y
avait pas d'école à leur disposition. Il était donc facile aux Anglais
de traiter les Français d'ignorants, bons qu'aux tâches serviles.
Conditions que les Anglais leur avaient imposées eux-mêmes.
Les Américains intensifièrent leurs luttes pour
l'indépendance.. . qu'ils obtinrent en 1783. Les
Loyalistes fidèles à la couronne d'Angleterre quittèrent le sol
américain.
. . . L'Angleterre leur offrit de passer au
Canada et les attira par toute sorte d'avantages, en plus de
. . . leur offrir des terres gratuitement et
de leur payer la subsistance durant trois ans.
. . . (Les Acadiens du Québec, p.
221-222, Hébert)
Dans ce qui restait de la province de Québec (actuel) on créa pour les
Loyalistes et les Britanniques une cinquantaine de township afin
d'élever un barrage contre l'envahissement des Canadiens-français.
Anomalie qui constituait une espèce de meurtre national dont les
victimes furent les Canadiens-français et les Acadiens.
Les loyalistes venus au Québec vers 1775 vingt ans après la déportation
des Acadiens étaient anglophones et protestants et monopolisaient pour
eux des terres qui auraient du échoir aux Canadiens-français. Des
années plus tard les Loyalistes en grande partie ont quitté le Québec
pour retourner aux Etats-Unis après avoir vendu les terres qui leur
avaient été données. Les Acadiens, eux, ne sont pas retournés en
Acadie, et pour cause, la loi autorisant la déportation n'avait pas été
révoquée.- Elle ne l'est toujours pas, le génocide est théoriquement
encore possible.- (Inspiré de page 92, Les Acadiens du Québec, Hébert)
. . . La vallée du St-Laurent avait été découpée en grandes
concessions terriennes, ou seigneuries,
. . . par les Français. Les familles qui les cultivaient
devaient payer un loyer aux seigneurs qui, en
. . . retour, avaient des responsabilités minimes envers
eux. Presque tout le reste des terres du Bas-
. . . Canada étaient contrôlées par le gouvernement
britannique, l'Église ou laCompagnie britannique
. . . nord-américaine des terres. Cela
rendait presque impossible le développement indépendant de
. . . nouvelles régions agricoles. (Robert
Nelson, le médecin rebelle de Mary Soderstrom, page 211)
Des Canadiens-Français voulaient changer cette situation et abolir ce
système.
Des colons avaient défrichés en vue de s'établir sur un sol qui, sur le
point de commencer à produire, se voyaient dépossédés de tout leur
avoir. Les lots étant concédés aux protégés du gouverneur anglais. Les
lois étaient faites ainsi c'était facile de voir l'injustice. En
1837-1838 les Patriotes cherchaient à ce les Canadiens-français
reprennent leur place au pays. Après avoir rappelé au gouvernement les
graves injustices faites aux Acadiens, il était à prévoir que le même
sort arrive aux Canadiens-français et aux Acadiens une autre fois.
C'est pourquoi les Patriotes appuyaient le leitmotiv: Emparons-nous du
sol.
La cause des patriotes étaient la cause de plusieurs Acadiens. Londres
ne voulaient pas reconnaître leurs droits.
Des députés canadiens-français ont essayé de faire comprendre au
gouvernement de changer les lois qui créaient de telles injustices aux
Canadiens-français. Alors le gouverneur a dissout l'assemblée
législative. Les années ont
passées, les discours se sont
enflammés mais le gouvernement anglais ne s'est pas amendé. Alors la
révolte a grondé et un groupe a pris les armes. C'est ce que l'histoire
appelle la Rébellion de 1837-38, ou la Révolte des Patriotes.
Ils n'avaient aucune chance de gagner dans les circonstances où ils
étaient. |
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Après la guerre d'indépendance américaine les Patriotes
pensaient
pouvoir obtenir un appui outre frontière pour leur cause. Cependant si
les Américains près de la frontière leur semblaient sympathiques ils ne
les aidèrent pas. Officiellement, ils restèrent neutres.
Devant le manque de solution envisageable, il ne faut pas se surprendre
si tant de québécois quittèrent pour s'établir aux Etats-Unis. Il y eut
ceux qui allèrent s'y réfugier après la révolte des Patriotes, et ceux
qui se cherchaient des terres qu'ils ne pouvaient pas avoir aux Québec.
Ils rejoignirent parfois des compatriotes qui les avaient précédés en
territoire américain. En effet des Canadiens-Français ayant pris fait
et cause pour les rebelles américains lors de l'invasion de ceux-ci au
Canada, en 1776, environ 140 s'exilèrent après l'échec et s'établirent
au nord de l'Etat de New-York. Quelques centaines de familles également
doivent s'installer au Vermont entre 1807 et 1811 pour fuir le règne de
terreur du gouverneur Craig.
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Au début
de la Révolte des Patriotes il y eut une réunion à L'Acadie,
Napierville, et une regroupant des habitants le long du chemin de la
Grande-Ligne de Stanbridge à Saint-Athanase. Les Lanoue ne sont pas
nombreux à avoir participé activement. Parmi les Patriotes mentionnons
entre autres quelques Acadiens. Des Granger, des Paradis, des Hébert,
un Lanoue, des Dupuis. Dont Pierre Granger qui était marié à Marie-Anne
Lanoue, raquette; Olivier Hébert était le fils de Félicité Lanoue,
capitaine. Plusieurs même s'ils n'ont pas participé au soulèvement se
sont enfouis dans les Etats du Vermont et de New-York apres l'échec. La
situation étant revenu plus calme, ils ont recouvré la plupart leur
terre et leur famille. Dans certains cas, il a fallu reconstruire car
les Anglais aimaient beaucoup brûler les bâtiments. |
En résumé
Les motifs de l'émigration aux Etats-Unis sont la prise de position de
Canadiens pro américains lors de la guerre
d'indépendance américaine, le manque de terre vu que les Anglais
favorisaient les leurs, l'injustice du gouvernement anglais envers les
Canadiens-Français et les Acadiens, l'attraction des usines américaines.
Ce n'est qu'un bref survol. Pour en savoir davantage, consulter:
Les Franco-Américains de la Nouvelle-Angleterre 1776-1930 par Yves Roby
Robert Nelson, le médecin rebelle de Mary Soderstron
Julie Papineau de Micheline Lachance
Les Acadiens du Québec par Pierre-Maurice Hébert
La Révolte des Patriotes par Fortin
**Album No III Français
sujet: Les Rébellions de 1837 dans le Haut-Canada et le Bas-Canada,
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